
Verre à moitié vide ou à moitié plein, cest toujours la même histoire. Les pessimistes verront dans les chiffres des ventes de logements neufs pour 2020 une chute brutale. Il faut dire quavec 99.500 réservations enregistrées lan dernier selon lEnquête ECLN du ministère de la Transition écologique, le marché accuse une chute de 24,1 % par rapport à 2019. Les optimistes, eux, y verront une vraie résilience du marché. Avec le confinement du printemps dernier, qui avait tout bloqué, les réservations ont dégringolé de 38,8 % au deuxième trimestre 2020 par rapport à la même période de 2019. Si les légers rebonds observés au sortir du premier et du deuxième confinement nont pas suffi à inverser la tendance, ils ont quand même permis de limiter la casse.
Moins de mises en vente. Cest du côté des lancements commerciaux que ça coince. Selon lenquête ECLN du ministère de la Transition écologique, 82.300 maisons et appartements neufs ont été lancés sur le marché en 2020, une dégringolade de 27,1 % par rapport à 2019. Là encore, des rebonds ont été observés au sortir des deux confinements, mais ils nont pas suffi. Lenquête ECLN remarque que « depuis début 2020, le niveau des lancements commerciaux reste bas, proche de 20.000 logements par trimestre ». Et dajouter : « un tel plancher pour loffre de logements neufs navait pas été atteint depuis 2009 ».
Permis en chute libre. Pourquoi cette baisse des mises en vente ? En fait, les autorisations de construire, préalable indispensable aux lancements commerciaux, reculent depuis trois ans. Une tendance accentuée par le premier confinement. Entre la mi-mars et la mi-mai 2020, tout sest bloqué et les permis de construire ont été décalés, voire annulés. Les chiffres du ministère de la Transition écologique sont sans appel : en février 2018, 496.500 logements sont autorisés en rythme annuel tous secteurs confondus (social, promotion immobilière, maisons de constructeurs). Un chiffre qui passe à 381.600 en décembre 2020 (- 23,14 %).
Logements disponibles. Avec des mises en vente 2020 (82.300 logements) inférieures aux ventes (99.500), loffre ne peut que diminuer. Elle sétablit à 94.900 biens en décembre 2020, une baisse de 9,1 % par rapport à la même période de 2019. 88.244 appartements sont disponibles à la fin de lan dernier (- 8,5 % sur un an). Soit 10,4 mois de fonctionnement du marché, un délai court (douze mois est signe déquilibre entre loffre et la demande) qui témoigne de la tension du marché. Loffre de maisons atteint 6.581 unités à fin 2020 (- 16,4 %) sur un an. Les maisons ne comptent plus que pour 7% de loffre totale de logements neufs
Combien ça coûte ? Côté prix, le mètre carré en collectif sétablit à 4.300 /m² à fin décembre 2020, une progression limitée à 0,8 % en rythme annuel. « La hausse est plus forte pour les studios (+ 2,1 %) et les quatre pièces et plus (+ 2,0 %), tandis que les trois pièces sont stables », précise létude du ministère. Et d'ajouter : « le prix moyen des maisons au quatrième trimestre 2020 atteint 294.600 , et progresse de 4,8 % par rapport au quatrième trimestre 2019 ». Pourquoi cette hausse dans lhabitat individuel ? Les terrains qui accueillent ces opérations sont de plus en plus rares, donc de plus en plus chers, certaines opérations montent en gamme et loffre est très nettement inférieure à la demande.
Premières prévisions pour 2021. Côté demande, lenvie dacheter est au rendez-vous. Selon la dernière enquête que lInsee réalise auprès des promoteurs, « la demande en logements neufs saméliore ». Une tendance très forte chez les jeunes, comme lobserve un sondage Deloitte réalisé fin 2020 pour la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI). Autres facteurs favorables : les aides (PTZ pour les accédants, Pinel pour les investisseurs) ont été respectivement prolongées jusquen 2022 et 2024, les taux sont au plus bas, le Haut Conseil de stabilité financière (le régulateur du crédit) a assoupli les conditions demprunt et les banques cherchent des clients et veulent prêter.
Premier arrivé, premier servi. Si loffre recule, elle reste aujourdhui suffisante pour satisfaire la plupart des projets immobiliers. Mais les promoteurs vont avoir du mal à relancer la machine. Nombre de nouvelles équipes municipales freinent des quatre fers sur les permis de construire, les terrains restent rares, les délais de montage des opérations sont très longs Il faut en moyenne quatre à cinq ans entre lachat du foncier et la livraison du programme ! Avec des ventes qui ont toutes les chances de se maintenir cette année et des lancements commerciaux à la peine, loffre va continuer à reculer, ce qui va forcément finir par peser sur les prix.