
L'architecture biomimétique, vous connaissez ? En fait, il s'agit de s'inspirer de la nature pour bâtir autrement. « Le vivant regorge d'innovations extraordinaires qui peuvent révolutionner la manière dont nous imaginons et concevons les bâtiments. Le sujet du biomimétisme de cette année nous amène à rêver d'une construction de la ville plus durable, qui se veut résiliente, réversible, et inclusive afin de répondre de manière concrète aux défis environnementaux et sociaux » énonce Catherine Papillon, Directrice Développement Durable / RSE de BNP Paribas Real Estate. Le 22 mars dernier, les équipes finalistes retenues ont défendu leur proposition devant un jury composé de membres de la Direction Générale de l'acteur immobilier, et darchitectes renommés.

Plongée en entomologie. Pour imaginer « La T(h)ermitière » implantée à Sevran, Clara Grange et Salma Harrak, les lauréates de cette édition, se sont penchées sur les qualités de bâtisseur du termite boussole australien : se repérant grâce au champ magnétique de la terre, cet insecte érige des nids à étage et à galeries de grande hauteur, toujours alignés selon un axe nord-sud. Une particularité qui permet à la colonie de disposer dun endroit frais (lombre est toujours présente sur un des côtés de la structure), de se préserver en cas dinondations et de stocker la nourriture durant la mauvaise saison.
Ecologique et coopératif. Calqué sur cette image, le projet de Salma Harrak et Clara Grange est un ensemble de logements étudiants partagés se présentant comme un volume simple parcouru par une faille : un espace central autour duquel sorganise la vie en communauté, comme dans une termitière. De part et dautre, desservis par une coursive, sept niveaux dappartements partagés bénéficient dune lumière traversante dans leurs séjours. Inspirés de l'organisation des termites également, les programmes en rez-de-chaussée qui prévoient linstallation dun café et un supermarché coopératifs favorisant la création et le maintien de liens entre les habitants. Un projet habité qui a également remporté le Prix Coup de Cur des internautes.

Un papillon comme source dinspiration. Lun des deux Prix spéciaux du Jury à été décerné à Luka Forrester et Quentin Godiveau pour « Polychromie » : un projet qui vise à tirer parti des avantages de la couleur en tant quoutil bioclimatique. Vision poétique inspirée du Morpho, un papillon aux ailes bleu métallique survolant les cours deau des forêts tropicales dAmérique Centrale, « Polychromie » sinspire de la nanostructure à lorigine de liridescence du lépidoptère pour assurer la ventilation passive du bâtiment grâce à la reproduction de cette nanostructure sur une surface vitrée.
Idées lumineuses. Ce projet résonne également avec les lames colorées de la Tour Glòries de l'architecte Jean Nouvel et avec celles du Métropole Rouen Normandie de larchitecte Jacques Ferrier. Le bâtiment imaginé par ces deux étudiants à lENSA Paris Malaquais regroupe en effet différents types de brise-soleil en verre dichroïque : les lames de verre de couleur réfléchissante jaune-vert filtrent la lumière aux plus grandes longueurs donde, les colorant différemment selon les conditions dobservation et mitigeant les apports caloriques du soleil.

Richesses endormies. Cest Nina Pizzi, étudiante en bicursus Architecte / Ingénieur à l'Ecole des Ingénieurs de la Ville de Paris (EIVP) et à l'ENSA Paris La Villette qui a remporté le deuxième Prix spécial du Jury. Sa proposition : favoriser la « réappropriation fertile » dédifices post-industriels par les habitants par le biais de programmes mixtes et flexibles. À la source de son inspiration, une richesse ignorée : le bois mort. Sur pied ou au sol, il fait le bonheur de milliers dinsectes et lon a recensé pas moins de 35 espèces de mammifères (en plus des amphibiens, reptiles, gastéropodes et champignons) qui, par son biais, bénéficient du gîte et du couvert. Lidée de Nina Pizzi sinspire de ce microcosme riche et discret, et imagine de redonner vie à des édifices voués à l'abandon en recréant, en parallèle, un écosystème durable à léchelle du bâtiment. Comment ? En le rendant habitable pour dautres usages et réinsufflant de la vie à sa façade en lui apportant du relief et des balcons.